BERGSTEIN / Français, né en 1988
LES ŒUVRES
PARCOURS
Né en 1988, Bergstein grandit entre Paris et Saint-Rémy-de-Provence. A l’âge de 18 ans, il quitte la France pour l’Espagne. D’abord Ibiza, ensuite Barcelone où il intègre une école de design industriel. De retour à Paris, il complète son cursus à ESMOD et obtient une licence en tant que styliste modéliste.
Habitué par sa formation au croquis instantané à des fins matérielles, Bergstein décide de s’affranchir peu à peu de cette discipline pour devenir dessinateur à part entière. Il fait alors de l'esquisse, qui est le premier témoignage artistique concret issu de son imaginaire de styliste, un terrain d'évolution et d'expérimentation, accumulant les silhouettes et recréant des univers empruntés au théâtre, à la mode et à la danse. Le dessin n'est plus alors un support ou une étape dans un processus, il devient le centre d'une recherche purement esthétique.
Bergstein réalise la majeure partie de sa production sur de la toile à patron : un tissu, cher aux stylistes, qui lui servait auparavant pour la réalisation de ses prototypes. Tramé, texturé, brut, il lui permet d’apporter des effets à la fois authentiques et innovants à sa technique de dessin. Sous les traits juxtaposés de son stylo Pilot, telles d'innombrables petites hachures, les corps deviennent des motifs qu’il répète ou fragmente, dialoguant avec le vide auquel il laisse une place importante, dans une délicate recherche d’équilibre et d’harmonie.
EXPOSITIONS
2024 - Galerie Tournemine, La Baule
2023 - Le 3537, Paris
2022 - Miami Art Week
2019 - Galerie Boa, Paris
2017 - Galerie Boa, Paris
2016 - Gwangju Art Fair, Corée
2013 - Galerie Lacroix, Paris
"UNE FOURMI QUI DESSINE" - par Anne-Laure Peressin
Bergstein puise aux sources anciennes de la représentation du corps, dans les codes élémentaires érigés dès l’Antiquité définissant la grâce et l'harmonie. Sa grande maîtrise des proportions et des dimensions, sa connaissance pointue de l'anatomie en volume, lui ont conféré un savoir-faire propre à la conception de croquis, de plans de coupe, de prototypes et de patrons. De ces habiletés, Bergstein a tiré un goût prononcé pour l'art du trait. Avec un stylo Pilot, son outil fétiche, il prend rapidement plaisir à capter une silhouette en quelques lignes sur le papier.
Un jour, à court de feuille, il se saisit à défaut de ce qu'il a sous la main pour poursuivre ses croquis. C'est alors qu'il s'empare de la toile à patron, textile en coton non teint et bon marché. Le rendu de l'encre noire sur cette matière tramée lui génère une révélation : le besoin de se l'approprier et d'en explorer le potentiel.
Comme un hommage ou une mise en abyme, Bergstein réalise alors sur cette toile à patron des formes que nous pourrions croire prédécoupées. Or il n'en est rien. Chaque figure est dessinée, et même répétée, à main levée. Ce processus de création bouleverse l'essence-même du support : de modeste matériau de report, ce tissu devient un noble médium de l'art, à l'image de la toile d'un peintre. Et pour le magnifier de plus belle, une fois la forme déterminée et délinéée, Bergstein entreprend un lent et fastidieux emplissage où la matérialité de la toile est sublimée, en laissant la pointe de son stylo être conduite le long des fils de trame, ou à l'inverse, en traçant des petites lignes qui se heurtent aux sillons. Trait après trait, ligne après ligne, comme une fourmi bâtisseuse, Bergstein recouvre progressivement la surface d'encre noire, bleue ou rouge, plus ou moins diluée selon qu'il décide de repasser dessus ou non, pour créer du relief et des volumes, pour révéler le galbe d'un sein ou la rondeur d'un fessier. Pour rendre extraordinaire un textile si ordinaire.